Albédo

Mon amour, ma banquise, mon caillou, mon glacier…

Je t’ai nommé Albédo, tu es mon doux protecteur et pourtant si féroce, aucune chance face à toi, tu dépasses les montagnes, ta langue de glace brise la roche, m’ouvre le cœur et je frissonne à l’idée de te voir absent.

Demain mon ourson, tu subiras la violence de l’oubli, je serai triste de t’avoir vu fondre, je serai en colère de ne pas t’avoir sauvé.

Hier tu étais le dieu des Hommes, tu dominais froidement, tu faisais même la pluie et le beau temps. Est-ce que nos enfants pourront vivre sans toi ? Certainement pas.

Alors à coup de crocs et de griffes dans le présent, mon ours blanc nous luttons pour toi, pour que l’éclat de ta fourrure ne ternisse pas, pour que la lumière se reflète à tout jamais, en direction des étoiles.

Je rêve de voir le monde geler, quitte à frissonner, je retrouverai mon duvet à crever même de froid, pour toi, mon amour, ma banquise, mon caillou, mon glacier.

Voici les maux qui ne guérissent pas, voici les mots froids qui nous sauvent, Albédo mon ours à moi, je me bats pour toi.

Illustration : Eva Reinkingen

Texte : Rudy Cavalheiro

Clin d’œil à Heïdi Sevestre