Chut et chute !

Silence ou calme des angoisses, que veux-tu que ça me fasse ? Mon pare-brise lui n’est plus souillé. Plus de bébêtes pour m’allonger dans l’herbe synthétique.

Il fût un temps où les baleines si nombreuses bloquaient la navigation, les voiliers des marchands en face de nos grandes cités portuaires se trouvaient des jours entiers à poireauter. Nous n’avons plus ce problème.

Des millions d’étourneaux dessinaient le ciel, des millions d’hannetons bourdonnaient au-dessus des villes, des centaines de milliers d’oiseaux migrateurs longeaient nos côtes, mais les hommes sont les seuls présents, accompagnés des quelques animaux qu’ils mangent.

Des milliards de vies irremplaçables, dans un ciel vide, sur une terre nue, sous la terre stérile, dans des mers mortes.

Noé n’a plus à attendre, l’arche flotte à vide.

La chute du vivant, l’effondrement des écosystèmes, la mort l’emporte. Le silence aussi. Le vide remplit notre monde et nos cœurs.

Illustration : Eva Reinkingen

Texte : Rudy Cavalheiro