Galop de la forêt

Lentement, une douceur mortelle souffle dans tes branches.

Depuis toujours le climat change et il impose le pas de la grande valse végétale. Les plantes cherchent la latitude parfaite pour se développer, faisant le bonheur ou le labeur des cueilleurs, des pollinisateurs, des petits êtres et des plus grands qui vivent grâce à la flore.

Mais quand le climat change trop vite, à quelle allure galope la forêt ?

Enraciné depuis l’aube, vivant un cycle hors de mon temps, une vie pour cent des miens, mon hêtre ne court pas. Tu fais tes petits, les encourage à prendre le large, surtout vite quitter le nid…

Trop tard. Au crépuscule une vague ardente t’a cloué sur place. Charbon errant, balayé par les vents, ton pollen devient la cendre qui noircit mes larmes. Grand monument assoiffé jadis abritant tant de vies. Toutes te pleurent.

Illustration : Eva Reinkingen

Texte : Rudy Cavalheiro

Anna CAVALHEIRO